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de la recherche !

par Jean-François Dars & Anne Papillault

photo André Kertész

LA MAIN À LA PÂTE

Comment révéler le chercheur qui sommeille en tout élève du primaire.

How to bring out the researcher inside every pupil.

Baptiste Lefèvre
4 Avr, 2012
Tapuscrit...

Baptiste Lefèvre – Alors moi, j’ai été stagiaire, pour La Main à la Pâte, ici dans les écoles de la Goutte d’Or, pour aider les enseignants à faire des sciences, mais au début, je savais pas plus qu’eux comment faire la séance, donc finalement c’est une alliance entre leurs savoirs pédagogiques et mes savoirs scientifiques qui a permis vraiment de construire des séances de science utiles et intéressantes… C’est-à-dire que je suis présent, ben, dans la préparation, dans la classe pendant la séance, mais c’est pas moi qui dois mener la séance, en principe, c’est la, l’enseignante qui arrive, qui dit, bonjour les enfants, et c’est elle qui mène en fait toute la séance et moi je suis là juste en… C’est presque du soutien psychologique, et presque pas technique, parce que finalement, l’enseignant va réaliser que y sait tout ! Et que il a pas besoin de moi ! Et c’est un peu bête à dire, mais mon rôle, c’est de me rendre inutile, à terme…

Alors la séance d’aujourd’hui portait sur le thème eau sale, eau propre, où on essayait d’étudier quelles étaient les propriétés d’une eau propre, voire même potable, et pour cela on étudiait la couleur, l’odeur de l’eau, la transparence… L’apprentissage des sciences, avant, rebutait beaucoup d’enfants, et même plus tard au lycée ou au collège, parce qu’on apprend des choses qu’on comprend pas ! Et finalement on arrive à un niveau où on peut plus apprendre sans comprendre. Par exemple moi, quand j’étais petit, pour apprendre que l’eau bout à 100°, le maître arrivait et écrivait au tableau « l’eau bout à 100° », ensuite il était à notre charge, ben, d’apprendre par cœur cette phrase et de la ressortir lors du contrôle et cela suffisait. Maintenant, c’est même écrit au programme, il existe une vraie démarche d’investigation, qui se développe en différentes étapes. La première étape c’est, le maître en arrivant, au lieu d’affirmer quelque chose, lance un questionnement. Donc par exemple, il pourra demander, ben, l’eau, est-ce qu’elle est toujours pareille ? Les enfants peuvent répondre, ben non, des fois elle est très chaude, des fois elle bout, des fois on la voit, des fois on la voit pas, et de tout ce questionnement peut surgir la question : mais finalement, à quelle température bout l’eau ? Alors après cette séance de questionnement vont arriver les hypothèses des enfants. Les enfants, y vont dire, oh ben moi, je pense que ça bout à 30°, parce que 30° c’est quand même très chaud, y en a qui vont dire, beaucoup plus, 1000°, et donc de toutes ces hypothèses, que l’on va noter au tableau, y va falloir choisir celle qui est juste, donc on va encourager les enfants à faire des expériences, donc y vont devoir imaginer un protocole d’expérience, et après, ces expériences on les réalisera, et de cette réalisation ressortira une conclusion, et qui sera beaucoup plus vague que l’eau bout à 100°, souvent ce sera l’eau bout autour de 100°, parce que, ben, finalement la réalité physique, c’est que l’eau bout pas nécessairement à 100°. Mais souvent y a beaucoup de changements et ça invite à s’ouvrir sur l’incertitude en sciences…

Donc ça permet aux enfants de vraiment appréhender les sciences à la manière d’un chercheur, et je reprendrai maintenant l’idée de Pierre Léna, qui affirmait vouloir remplacer le lire, écrire, compter, voulu pendant un temps par le gouvernement, par un lire, écrire, compter, raisonner.

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Transcript...

Baptiste Lefèvre – So, what I did is an internship at “La main à la pâte”, here, in the primary schools of la Goutte d’Or*, to help the schoolmasters in the teaching of science. But at the beginning, I didn’t know more than them how to teach science. So it was the union of their pedagogical skills and my scientific knowledge that permitted the construction of useful and interesting science courses… In practice, I was present during the preparation and in class during the course, but I wasn’t the one in charge of leading the course. It was the schoolmistress who came, said “Hi everyone!” and lead in fact the debate. My role was just… almost only a psychological support, hardly a technical one, because eventually, the teacher realizes that he knows everything! And he doesn’t need me! It could sound silly, but my role was, in the end, to become useless…

So, today’s lesson was about the subject “dirty water/clean water”: we tried to study what are the properties of clean water, and even of drinkable water. To do that, we studied the color, the smell and the transparency of water. Years ago, learning science discouraged a lot of children, in primary school, and even in high school, because they learned things they didn’t understand! But at some point, learning without understanding is no longer possible. For example, when I was in primary school, the process to learn that water boils at 100°C was the following: the teacher came, wrote on the blackboard “Water boils at 100°C”, and then we had to learn it by heart, recite it for the test, and that’s all. Now, the curriculum for primary school clearly imposes a scientific investigation approach, made of different steps. First, instead of affirming something, the teacher raises a question. For example, he asks: “Does water behave always the same?” The children can answer: “No, sometimes it is very hot, sometimes it boils, sometimes we see it, sometimes we don’t…” From these answers, the following question can come: “At what temperature does water boil?” After this first step of discussion, the children propose their hypothesis. They say “For me, it boils at 30°C, because 30°C is already very hot” or “A lot more: 1000°C!” From all these hypothesis that have been written on the blackboard, the right one has to be found. So we encourage the children to experiment, first by designing an experimental protocol, and then by executing it. From this experiment, a conclusion is drawn, which is vaguer than “Water boils at 100°C”. It will more likely be “Water boils around 100°C”, because in reality, water does not necessarily boil at 100°C. There are often a lot of fluctuations, and they open on the uncertainty in science.

This approach enables children to really grasp science like a researcher. I will finish on this idea defended by Pierre Léna: we should replace the motto “reading, writing, arithmetic” previously wanted by the government by “reading, writing, arithmetic and reasoning”.

3 min 19 sec

*Author’s note: underprivileged area of Paris

Polytechnicien en devenir, Baptiste Lefèvre fut l’un des missi dominici de l’association La main à la pâte, qui porte la bonne parole de la démarche scientifique jusque dans les écoles primaires, ici dans le quartier de la Goutte d’Or, à Paris.

As a future polytechnicien, Baptiste Lefevre was one of the missi dominici of the association La main à la pâte, that spreads the word of scientific investigation approach in primary school, here in the area of la Goutte d’Or in Paris.